Aconcagua 6/7- objectif sommet
Lundi 3 decembre 2007, Il est 5 heures (Paris est deja eveillé depuis quelques heures, et je n'ai effectivement plus sommeil), j'ai raté le reveil. Matthieu n'est pas au mieux. Je pars seul.
Nous conversation resume la situation:
" - Au Sommet.
- J'y vais pas pour trier les haricots." (merci Milou pour l'expression)
J'ai d'abord hesiter a partir: froid, seul... Et puis on n'a pas tous les jours l'opportunité de gravir l'Aconcagua. Je ne remettrai plus en cause cette decision de la journée.
Les 500 premiers metres, repérés la veille, passent sans aucun soucis. Une pause a Piedra Blanca le temps de reajuster l'equipement et de reussir le performance de faire ces besoins a plus de 6000 sans laisser de traces (regles du parc obligent).
Le jour pointe a l'Horizon. Et apres 6000 le combat commence. Le froid, tout d'abord, est mon principal ennemi. La solution est d'eviter l'agression en maintenant toutes les parties du corps couvertes, en paticulier les extremites, et en maintenant la chaleur corporelle par la marche : echec. J'ai les mains gelées suite a la pause et malgre la marche elles ne se rechauffent pas et si je m'arrete je risque d'avoir froid partout. Au premier endroit inondé des premiers rayons de soleil je m'arrete: Il faut rechauffer les mains: je frotte, ca marche pas. La solution sera de retirer les gants de laines pour ne garder que les mouffles en polaires et les sur-mouffles, je souffle dans la premiere épaisseur: gagné. Mais maintenant c'est le tour des pieds... qui se rechaufferont en marchant.
Le froid est vaincu, du moins pour le moment. Le nouvel ennemi c'est moi-meme et la fatigue. Dur d'avancer malgre un acclimation pas tant male.
Nouveau coups de froid mais cette fois c'est l'estomac qui n'a pas supporter l'eau gelée et les abricots secs "surgelés", ca repasse par oú c'etait venu. Le petit coca salvateur et la barre de chocolat gardés au chaud dans la veste en plumes me permettront de reprendre quelques forces pour arriver, non sans mal, a la "traversia". Je livrerai ici mon seul combat de la journee contre le vent, une chance. La sensation de froid est decuplée.
Je suis seul, mais seulement dans les faits. Mes pas sont accompagnés. J'avance à coups de decharge d'adrenaline et autres drogues naturelles libérées par les pensées pour ceux qu'on aime, ceux qui aurait du etre la, ceux qui ne pourront plus etre la.... Il y a un guignol qui est en train de crever dans la tente pour me laisser tenter l'ascenscion, il y en a d'autres qui portent un costard ou un bleu en ce moment. De nombreux moments de competitions passées reviennent a l'esprit, les supporteurs prevus et imprevus. Autres petites joies simple de la vie...
Le yeux souvent nebuleux j'arrive a l'entrée de la Traversia. Je reussis a me calmer, je sais qu'il me reste trop d'effort a fournir pour ne passer que sur ces secretions du corps. Je reprends donc mes esprits et j'irai certes moins vite mais plus rationnel.
Le temps est clement car peu de vent. J'ai donc tout le temps du monde pour atteindre le sommet sans trop craindre le froid.
Reste la difficulte majeur du sommet : la canaleta, une legende..... qui se justifie. C'est pas raide, c'est tres raide. De quelques 6600 a 6900 il faut monter dans le chaos du pierrier. J'avancerai pas a pas, pauses a pauses. C'est interminable, l'effort n'est plus physique, c'est la patience qui entre en jeu.
15h, apres 10 heures d'ascension, j'atteins le sommet des Ameriques. Joie mais surtout soulagement. Pourquoi l'euphorie n'est plus la : Trop d'efforts pour venir? Fatigue apres tant de mois de voyage? Non, simplement car il n'y a personne pour partager cet instant magique, j'embrasserai un etranger (mais ici personne n'est etranger).
Peu etre le sommet, à cet altitude, le plus frequenté de la planete et pourtant aujourd'hui je ne verrai personne de 5h quand je quitte Matthieu jusqu'en fin d'apres midi au retour vers Berlin (camp un peu au dessus de Nido de condores).
6960 metres, je ne realise pas vraiement mais je suis en train de concretiser un reve. 3 ans plus tot j'étais au pieds de la sentinelle, cachée dans les nuages, et ne m'autorisait a peine a le rever...
"A force de croire en ses rêves, l'homme en fait une realité" Hergé
Le retour est long et court a la fois, toujours de nombreuses pauses. Je repasse a Piedras Blancas recuperer le matos monté la veille. Je reussis enfin a manger et boire. Il est etrange de se sentir aussi bien a 6000. Un moment de plenitude rare.
Retour a Nido, oú Matthieu m'accueille avec un phrase gentille du type "bah enfin" (c'est vrai que j'ai mis du temps)... mais la joie de se retrouver efface vite toutes tensions inherentes au moment de fatigue et de frustration.
Une nouvelle nuit dans le nid des condors dont Mattieu a fait la rencontre entre deux discussions...